MIES (Suisse) - Un temps mort n'est censé durer que 60 secondes, mais dans les mains du bon entraîneur, un temps mort peut changer tout le cours d'un match de 40 minutes.

Qu'il s'agisse d'une première exécution après un temps mort qui renforce la confiance, d'un ajustement tactique qui résout une équation ou d'un système pour gagner le match (comme le célèbre système Winner de Brad Stevens), c'est sur le terrain d'entraînement que les entraîneurs construisent leurs équipes, mais c'est sur la plaquette qu'ils bâtissent leurs réputations.

Dans cette optique, voyons qui est en tête de liste dans la Basketball Champions League cette saison lorsqu'il s'agit d'élaborer une tactique.

Le graphique ci-dessus montre les points par action (PPP) inscrits après un temps mort sur l'axe des x, comparés à la qualité des tirs générée selon Synergy (SSQ) - ou les points attendus par tir - après un temps mort sur l'axe des y.

Nous recherchons des équipes en haut à droite du tableau et les noms que nous trouvons ne devraient choquer personne : Lenovo Tenerife de Txus Vidorreta et Telekom Baskets Bonn de Roel Moors.

Tenerife est en tête de la BCL avec 1,2 PPP après un temps mort et surpasse les points attendus sur les tirs créés après un temps mort avec un SSQ de 1 point par tir.

Si l'on considère les meilleurs technicien à travers les temps mort, Roel Moors et Bonn sont les suivants au classement. Ils ont généré les tirs les plus rentables de la BCL après temps mort, avec un SSQ de 1,03 point par tir, et les réussissent à un taux de 1,09 PP.

Le reste du peloton est plus difficile à départager, la JDA Bourgogne Dijon, UCAM Murcia et Unicaja affichant tous des chiffres similaires.

L'équipe qui sort du lot est Promitheas Patras d'Ilias Papatheodorou. Elle génère le SSQ le plus bas, à seulement 0,93, mais le surpasse avec le troisième PPP le plus élevé, à 1,07. En d'autres termes, en sortie de temps mort, les joueurs Promitheas marquent presque 1,5 PPP de plus que ce qu'on attendrait d'eux.

Le clip ci-dessous illustre parfaitement ce qui fait de l'entraîneur Vidorreta l'un des meilleurs tacticiens d'Europe.

Alors que la première mi-temps du match contre l'Hapoel Bank Yahav Jerusalem (la meilleure équipe défensive de la ligue, soit dit en passant) touchait à sa fin, l'entraîneur de Tenerife a demandé un temps mort afin d'utiliser au mieux le temps restant sur l'horloge.

Ne perdez pas de vue le numéro 15, Joan Sastre. Il se positionne comme pour poser un écran dans le dos sur le défenseur de Giorgi Shermadini, dans le cadre d'une "action de pick-and-roll espagnole" standard.

Mais au lieu de faire l'écran, il attend que la défense se soit engagée dans sa couverture et quitte l'action rapidement vers l'aile. Marcelinho Huertas enclenche alors le pick-and-roll avec Shermadini et l'attaque de Tenerife punit les défenseurs de Jerusalem venus en rotation, le ballon parvenant finalement à Sastre par le biais d'une passe supplémentaire dans le coin.

En février, nous avions écrit que les champions en titre passaient sous le radar et c'est peut-être encore le cas. Roel Moors, qui a déjà remporté le prix du meilleur entraîneur, est peut-être lui aussi en train de passer inaperçu en tant que candidat au titre de meilleur entraîneur cette année.

Dans le clip ci-dessous, nous voyons un système que Moors a utilisé avec succès tout au long de la saison. Au début du troisième quart-temps du match contre Galatasaray EKMAS, alors que Boon cherche à réduire l'écart, le numéro 22 Noah Kirkwood place un écran en "bélier" pour Kennedy avant qu'il ne s'engage dans le pick-and-roll.

Kennedy change ensuite l'angle de l'écran porteur juste avant de le placer. Tout cela permet de laisser le défenseur de Kennedy dans le no man's land lorsqu'il défend sur l'écran porteur.

Galatasaray tente de défendre l'action en 2v2 avec le n°4, le défenseur de Glynn Watson récupérant devant, mais Watson prend un dribble supplémentaire et attend le moment d'indécision de la défense pour adresser la passe parfaite vers le lob.

Notre dernier clip est une conception de système très simple mais très intelligente de Papatheodorou, lors du match de Promitheas contre l'Hapoel Holon. Ce n'est pas non plus une situation que l'on voit très souvent, avec une remise en jeu sur le côté, mais très loin dans la zone avant, presque dans le coin.

Le fait que les Promitheas aient été capables d'exécuter aussi bien, même si c'était peut-être la première fois qu'ils effectuaient une remise en jeu à cet endroit du terrain cette saison, montre à quel point ils étaient bien préparés.

Il reste quatre minutes à jouer dans le quatrième quart-temps et Promitheas est mené de 9 points, cherchant à revenir au score. Pendant le temps mort qui précède l'action, on entend Papatheodorou dire "peu importe ce qu'ils jouent", ce qui signifie que la défense peut être en zone ou en homme à homme.

On entend ensuite Papatheodorou dire au n°22 Chris Coffey de faire un écran pour le n°77 Hunter Hale, puis de mettre son propre défenseur dans son dos lorsque la défense ne procède au changement défensif.

À ce stade, nous comprenons pourquoi il ne s'est pas préoccupé du type de défense qu'utiliserait Holon et pourquoi le système est si bien conçu, car même si Holon s'est installé dans une défense de zone matchup, avec switch défensif, Coffey avait toujours la possibilité de bloquer un défenseur dans son dos lorsque la défense suivait la coupe de Hale.

Quel que soit le type de défense utilisé par Holon, ce système offrait toujours la possibilité à Promitheas d'obtenir un layup s'il était bien exécuté. Et c'est ce qu'ils ont fait.