MADRID (Espagne) - Si vous demandiez à dix amateurs de basket européens pris au hasard quel pays produit les meilleurs entraîneurs, ils répondraient tous des noms comme Serbie, Espagne, Grèce et Turquie. Et traditionnellement, ils n'auraient pas tort. Surtout si l'on considère les entraîneurs qui ont réussi leur carrière en dehors de leur propre pays.

Oui, nous avons vu des exemples comme Scariolo et Messina représentant l'Italie avec d'énormes réussites en dehors de l'Italie, mais sans aucun doute, en termes d'expertise des coachs de basket, les exportateurs traditionnels ont été la Serbie et les États-Unis d'Amérique.

Aujourd'hui, il y a un nouveau nom sur la liste et ce n'est peut-être pas celui que beaucoup s'attendaient à voir, la Finlande.

Le tweet ci-dessus de Lassi Tuovi de SIG Strasbourg faisait bien sûr référence au fait que les deux entraîneurs finlandais de la BCL ont remporté de grandes victoires cette semaine ; la SIG Strasbourg de Tuovi a remporté (encore) une victoire très serrée contre Tofas et le Telekom Baskets Bonn de Tuomas Iisalo a remporté sa première victoire de la saison dans notre match de la semaine contre Pinar Karsiyaka. En gardant ceci à l'esprit, nous avons voulu jeter un coup d'œil à quelques-unes des meilleures actions de ces deux matchs et nous avons également voulu savoir ce qui se cache derrière cette nouvelle génération d'excellents entraîneurs finlandais.

SIG Strasbourg - Tofas Bursa

Dans l'un des principaux journaux finlandais, on a demandé à Toumas Iisalo ce qui était à l'origine de l'essor des entraîneurs finlandais de basket-ball et, tout en reconnaissant à Henrik Dettmann le mérite d'avoir élevé les normes et les conditions pour les entraîneurs en Finlande, il a également donné une réponse légèrement surprenante : l'Internet.

"L'internet a libéré et démocratisé les informations disponibles sur les entraîneurs dans le monde. Vous pouviez obtenir beaucoup d'informations si seulement la curiosité et la capacité à les absorber étaient suffisantes", a déclaré Iisalo.

Si nous revenons à Lassi Tuovi et au système qu'il a dessiné au début du quatrième quart-temps de leur match contre Tofas, nous pouvons clairement voir beaucoup de créativité et aussi beaucoup de choses que les autres entraîneurs peuvent absorber en retour. La SIG a entamé le dernier quart-temps avec un retard de huit points et devait renverser la situation. Cela a changé très rapidement lors des deux premières possessions. L'exécution d'une attaque comme celle du début du quart-temps a sans aucun doute renforcé la confiance des joueurs.

Alors, que devez-vous rechercher dans l'action ci-dessous ? Eh bien, pour commencer, nous voyons le numéro 11, Matt Mitchell, faire un écran porteur dans la peinture pour le numéro 3, Marcus Keene. Ce n'est pas quelque chose que l'on voit tous les jours, en partie parce que le timing de tout écran dans la peinture doit être parfait pour éviter les violations de 3 secondes et aussi parce que l'espacement autour de cet écran doit être également précis.

Dans ce cas-ci, l'écran dans la peinture était particulièrement difficile à défendre parce que le numéro 23, Maille, drivait depuis un départ lancé et parce que le poseur d'écran était Matt Mitchell. Aucune équipe ne voudra faire passer un arrière en défense sur Mitchell dans la peinture. L'indécision sur la façon de défendre l'action était claire. L'excellent timing et le flux d'actions ont assuré cela. Regardez aussi l'espacement qui a permis au numéro 4, Cavalière, d'avoir tout le côté du terrain pour lui lorsqu'il a attrapé le ballon. Son défenseur a été forcé d'aider et il n'y a personne près de lui. Une conception de jeu créative de Lassi Tuovi, avec des résultats destructeurs pour la défense.

Telekom Baskets Bonn - Pinar Karsiyaka

Lorsque nous avons demandé à Lassi Tuovi ce qui, selon lui, a élevé le niveau de l'entraînement en Finlande, sa réponse semblait provenir autant de sa casquette d'entraîneur de l'équipe nationale que de son travail de jour à la SIG Strasbourg.

"Tout vient des racines de l'histoire de votre pays. Nous (les Finlandais) sommes fondamentalement humbles et travailleurs. Quoi qu'il arrive", a déclaré Tuovi.

Nous pouvons certainement entendre ces mots "Quoi qu'il arrive" sonner vrai quand on voit le nombre de matchs serrés que la SIG Strasbourg a dû surmonter au cours des deux dernières saisons. Mais on peut également retrouver cette humilité et cette attitude de travailleur dans l'équipe de Bonn de son compatriote Iisalo. Il suffit de regarder l'éthique d'équipe pour leurs rotations défensives dans le clip ci-dessous. Ils se soutiennent vraiment les uns les autres.

Cependant, le clip et l'histoire du match que nous voulions vraiment couvrir était sur le plan offensif - ce qui ne devrait pas être une surprise étant donné qu'ils ont marqué à un taux de 120 points par 100 possessions dans ce match (par Viziball).

L'action que nous voulons mettre en évidence est dans le clip ci-dessous. Cependant, il ne s'agit pas seulement de la créativité du jeu, mais aussi du contexte du match et des raisons pour lesquelles il a été si bien conçu.

La possession commence par le numéro 7, Herrera, qui effectue une "coupe Iverson" sur la ligne des lancers francs, avec l'aide de deux écrans du numéro 10, Malcolm, et du numéro 70, Delaney. Malcolm effectue ensuite la même coupe immédiatement après afin de libérer de l'espace pour que Delaney puisse faire un écran porteur. L'idée ici est que le défenseur de Delaney soit légèrement écarté par la coupe de Malcolm et qu'il soit en retard pour couvrir l'écran porteur. En fait, il n'était pas en retard, mais parce qu'il couvrait l'écran contre T.J. Shorts, Delaney a quand même pu s'ouvrir largement sur le pick-and-pop.

Pour vraiment comprendre cette action et pourquoi c'était une bonne décision de Tuomas Iisalo, nous devons aussi comprendre pourquoi Pinar Karsiyaka couvrait l'écran de Shorts. Heureusement, Iisalo et Errick McCollum de Pinar Karsiyaka nous ont expliqué toute l'histoire lors de leurs interviews à la mi-temps.

Tout d'abord, Iisalo a dit ceci :

"Cela dépend en grande partie du type de choix tactiques de Karsiyaka, ils ont permis à T.J. Shorts de prendre quelques tirs d'entraînement à partir de la ligne à 3-points et il continuera à les mettre", a déclaré Iisalo.

Les tirs auxquels il faisait référence sont dans les clips ci-dessous. Note aux futurs adversaires des Telekom Baskets Bonn : attention à ne pas passer sous les écrans pour T.J. Shorts.

Le fait que Shorts ait continué à mettre ces tirs contre cette défense est exactement la raison pour laquelle Karsiyaka a été obligé de s'ajuster et de commencer à couvrir agressivement. Ils ont dû essayer de forcer les autres joueurs de Bonn à les battre.

"Nous avons dû changer la défense sur T.J. Shorts. J'ai décidé de défendre sur lui et nous avons décidé d'être un peu plus agressifs avec le hedging". a décrit McCollum.

Et ça a marché. Pour un moment du moins. Karsiyaka a réduit son avance de 19-9 dans le premier quart-temps à seulement 42-40 à la mi-temps. Mais Shorts et le coach Iisalo se sont montrés trop forts pour être arrêtés par un seul ajustement. Le contre ajustement dans l'action que nous vous avons montré pour le pick-and-pop de Delaney était une partie de la raison pour laquelle ils ont pu complètement ouvrir le jeu dans le troisième quart-temps, en plaçant un 11-0 pour commencer la période.

Cette équipe de Bonn est clairement difficile à battre, peu importe qui vous êtes. Leur bilan de 2-0 pour commencer la saison dans la BBL en est une preuve supplémentaire.

Pour terminer cet article, je dois dire qu'il est vraiment rafraîchissant de voir des joueurs et des entraîneurs parler de ce qui se passe réellement dans le jeu pendant les interviews. Trop souvent, nous entendons des réponses banales qui n'offrent pas vraiment de perspectives sur le match. McCollum et Iisalo méritent tous deux une grande reconnaissance pour leur franchise. Ufuk Sarica aussi pour son interview d'avant-match. Excellent travail, vraiment.