THESSALONIKI (Grèce) - Si vous êtes du genre à garder un tourne-disque et à préférer la chaleur analogique du vinyle aux MP3 numériques, alors un club comme le PAOK a une histoire à laquelle vous pouvez probablement vous identifier. Dans les années 90, ils ont remporté le championnat grec (1992), la Coupe de Grèce à deux reprises (1995 et 1999), puis également la Coupe Saporta de la FIBA en 1991 et la Coupe Korac de la FIBA en 1994. Entre ces trophées, on trouve une troisième place en EuroLeague (1993) et deux autres médailles d'argent en Coupe Saporta (1992 et 1996). Le club était vraiment l'une des équipes européennes les plus populaires de la décennie. Depuis ces jours de gloire, la période qui a suivi ne peut être décrite que comme une période stérile. En 2019/20, le club a connu la pire saison de son histoire en terminant à la dernière place de la ligue grecque, évitant seulement la relégation à cause de cette pandémie. En 2022, le club entame sa deuxième saison sous la direction d'Aris Lykogiannis. Alors que l'idée était de construire progressivement autour de jeunes étrangers et des joueurs de l'académie, les progrès commencent déjà à être visibles.

Cette saison, l'équipe présente un bilan de 3-1 dans la ligue grecque et a commencé par 1-1 dans la BCL. Avec une moyenne d'âge de 25 ans, elle n'a qu'un an de plus que les équipes les plus jeunes de la BCL, et même à 25 ans, cette moyenne d'âge est largement appuyée par le capitaine Evangelos Margaritis (39 ans) et le vétéran Christos Saloustros (32 ans). Si l'on considère que des joueurs comme Jaylen Hands et Tyler Polley, âgés de 23 ans seulement, jouent plus de 20 minutes et jouent un rôle important, que Nate Renfro et Zaccheus Darko-Kelly (25 ans) et Yannick Franke (26 ans) sont encore jeunes et commencent à briller, et que seul Jalen Riley (29 ans) est un vétéran venue de l'étranger, on voit que le plan est en marche.

Comment ils jouent

La première chose qui saute aux yeux, c'est que cette itération du PAOK est très performante sur le plan défensif à ce stade précoce de la saison. Ils ont concédé seulement 94,3 points par 100 possessions dans la BCL jusqu'à présent, ce qui les classe parmi les cinq meilleures équipes. L'équipe s'est également montrée décente sur le plan national, ne concédant que 104 points pour 100 possessions en A1 grecque. Dans la BCL, ils ont une moyenne de 11,5 interceptions, seul Benfica les dépasse dans ce classement. Combinés à la jeunesse et à l'athlétisme de cette équipe, ces interceptions se sont traduites par une équipe mortelle en transition sur le plan offensif. Il est également intéressant de noter à ce stade que Nate Renfro occupe la troisième place du classement des intercepteurs avec 2,5 par match. Renfro a commencé les deux matchs de la BCL en tant que pivot de facto dans une configuration d'équipe de petite taille et sa mobilité et son activité des deux côtés s'avèrent très problématiques pour les adversaires.

Il n'y a pas que Renfro. Yannick Franke semble être un excellent choix et il réalise également plus de 2 interceptions en moyenne. Polley n'en est encore qu'à sa première saison en Europe, mais il est clair qu'il ne tardera pas à sortir du lot. Darko-Kelly, dans le clip ci-dessous, fait un grand saut depuis la Korsliga finlandaise, mais avec son 1,98 m et ses qualités athlétiques, c'est un joueur supplémentaire qui correspond au moule autour duquel le PAOK se construit.

Le système présenté dans la vidéo ci-dessous est l'un de ceux que vous verrez dans presque tous les playbooks en Europe. Une coupe "Zipper" est une coupe verticale depuis la ligne de fond pour attraper la balle en tête de raquette, généralement avec un écran pour le joueur qui coupe. Les équipes utilisent ce type de coupe pour éloigner le porteur de balle de son défenseur avant qu'il n'attrape le ballon. A partir de là, ils enchaînent souvent avec un pick-and-roll central. Le PAOK a utilisé cette action pour réduire un gros déficit et prendre l'avantage lors de sa victoire sur le Dinamo BDS Sassari. Regardez comment Renfro joue presque comme un ailier avec sa mobilité et son agilité lorsqu'il roule vers le cercle.

Dans le clip suivant, nous voyons le même ensemble mais une option différente de l'attaque d'Aris Lykogiannis. Cette fois, l'idée est de remettre le ballon dans les mains du meneur de jeu de l'autre côté du terrain. Quand vos arrières sont Jalen Riley et Jaylen Hands, c'est une bonne idée. Le PAOK a marqué 22 points en deux matchs grâce à des tirs en suspension en sortie de dribble. Seuls la SIG Strasbourg et l'Iberostar Tenerife ont marqué plus de points, Strasbourg ayant joué un match supplémentaire. La menace posée par leurs arrières en sortie de dribble sur pick-and-roll, ou la mobilité de Renfro en tant que joueur roulant au cercle, est une combinaison mortelle.

Ce que nous voyons ci-dessous est un autre système que Lykogiannis utilise pour amener ses arrières dans une matchup (opposition) favorable. Dans le premier clip, regardez attentivement le numéro 21, Kamperidis, qui fait comme s'il posait un écran pour Riley puis sprinte. C'est un écran "fantôme". Le résultat est que Sassari a changé de côté sans vraiment en avoir besoin. L'action suivante dans la séquence de cette série est un pick-and-roll "espagnol" avec un shooteur qui fait un écran dans le dos pour le roller, puis s'écarte pour tirer. Dans le premier clip, Riley choisit d'attaquer le changement défensif et finit par utiliser un dribble "Nash" pour garder son dribble en vie jusqu'au coin, puis met le tir. Dans le deuxième clip, nous voyons le PAOK exécuter le système tel qu'il est conçu. Kamperidis pose l'écran dans le dos pour le roller et s'écarte ensuite pour tirer.

Un autre domaine dans lequel le PAOK s'est montré comme une équipe qui pourrait être dangereuse dans la suite de cette compétition est le rebond offensif. Ils sont actuellement en tête de la BCL au nombre de points marqués après un rebond offensif. Franke a une moyenne de 3,5 rebonds offensifs, ce qui est excellent pour un extérieur, et en fait, il est non seulement en tête du PAOK aux rebonds avec 7 par match, mais aussi de toute la ligue aux rebonds parmi les arrières à ce stade de la saison.

Bien que le style de jeu et la conception du système semblent bien adaptés à cette jeune équipe du PAOK et que l'entraîneur Lykogiannis appuie sur les bonnes notes pour obtenir le meilleur d'eux, c'est clairement un travail en cours. La défaite à domicile contre la JDA Dijon les a vus commettre des erreurs en fin de match, ce qui est normal avec une équipe jeune. Les 17 balles perdues sont certainement quelque chose qu'ils devront éviter s'ils veulent renverser la situation en France.

À suivre

Après deux matchs à domicile pour s'échauffer, les vrais défis commencent maintenant pour le PAOK. Les déplacements à l'Unicaja et à Sassari sont parmi les plus difficiles de la BCL. L'Unicaja est en tête du groupe et n'a pas encore été mis en difficulté. Les Espagnols ont de la taille et de la profondeur dans leur roster qui sera un vrai défi à relever et à l'arrière, le vainqueur de l'Eurobasket Alberto Diaz est sans aucun doute l'un des meilleurs défenseurs d'Europe. Ils n'ont pas besoin de gagner le match sur la côte espagnole pour sortir de la saison régulière, mais sans aucun doute, la façon dont ils sont capables de maîtriser une équipe comme Unicaja donnera un bon aperçu de leur capacité à se battre dans les tours à élimination directe de la BCL cette année.