MIES (Suisse) - Comment faire suite à la meilleure saison de son club en Europe ? Eh bien, si vous êtes l'Hapoel U-NET Holon, vous réalisez une année encore meilleure la saison suivante. Et vous devenez aussi le premier club israélien à atteindre le Final Four de la Basketball Champions League. Les trois premières excursions d'Holon en BCL se sont soldées par une déception, car ils étaient proches mais pas assez pour s'extirper de la saison régulière. Puis, lors de la saison 2020/21, le verrou s'est finalement cassé et le club s'est frayé un chemin jusqu'aux huitièmes de finale à Nizhny Novgorod.

Malgré un changement d'entraîneur à la mi-saison et l'arrivée de Guy Goodes, ils ont conservé leur élan. Aujourd'hui, grâce à une victoire en quart de finale contre la SIG Strasbourg - équipe présente au Final Eight en 2021, Holon va se rendre à Bilbao et a une chance d'entrer dans l'histoire.

Comment ils jouent

L'une des meilleures et des plus efficaces descriptions que nous ayons entendues cette saison sur la façon de jouer d'Holon est venue de l'entraîneur de la JDA Dijon, Nenad Markovic, avant leur dernier match en huitième de finale (Round of 16).

Son résumé peut avoir été rapide et sembler être une façon trop simpliste de décrire une équipe, mais en vérité, si une équipe est extrêmement bonne dans quelques domaines, et que ces domaines s'accordent extrêmement bien, alors cette équipe peut être extrêmement difficile à négocier. Les arrières d'Holon sont vraiment tous d'excellents joueurs de 1c1 et de pick-and-roll. Tous les arrières sont censés l'être, mais le backcourt de Holon est suffisamment bon pour que - comme vous le verrez dans les vidéos ci-dessous - souvent, leur attaque n'ait besoin que de leur donner le ballon dans des zones où ils peuvent jouer en 1c1 contre la bonne opposition. Avec des gars comme Chris Johnson, Michale Kyser et Hayden Dalton, c'est aussi une équipe très athlétique qui vous mettra sur un poster si vous clignez des yeux trop longtemps en défense. Et presque tout le monde dans le périmètre peut vraiment shooter.

Le cinq de départ que l'on peut s'attendre à voir contre Tenerife est composé de Joe Ragland, Adam Smith, Chris Johnson, Hayden Dalton et Michale Kyser, mais depuis que Tyrus McGee est revenu dans l'équipe en fin de saison et que Dalton est également revenu de blessure, les compositions de Holon sont difficiles à prévoir. Nous avons vu McGee, Guy Pnini et Rafael Menco débuter lors des derniers matchs. Les trois joueurs que vous pouvez espérer voir figurer dans le cinq de départ sont Ragland, Johnson et Kyser. Il faut également surveiller les minutes où Ragland, Smith et McGee partagent le terrain en même temps, surtout avec Johnson et Kyser. Ils ne joueront peut-être pas longtemps ensemble, mais Holon peut marquer des points de façon explosive avec ces trois joueurs qui causent des ravages sur le plan offensif. 

Jeu d'arrières

En commençant par la fin (évidemment), le premier système à regarder est la dernière action de la saison jusqu'à présent : le tir de la victoire que Joe Ragland décrit dans le tweet ci-dessus. Si nous faisons un zoom arrière sur la caméra grand angle dans le clip ci-dessous, nous pouvons voir quelques thèmes très importants pour Holon. Tout d'abord, le n°3 Adam Smith arrive sur le ballon et pose un écran "fantôme" où il n'a pas vraiment l'intention d'entrer en contact et de poser l'écran, juste de provoquer un moment d'indécision dans la défense. Puis, le n°20 Dalton arrive et pose l'écran que Ragland veut en fait attaquer. Il est également important de noter que Dalton est le pivot de facto dans cette formation pour Holon et que sa capacité de tir signifie que la SIG devait rester proche de lui lorsqu'il s'est écarté après l'écran. Cela a forcé le changement défensif et a donné à Ragland juste assez de distance au départ pour qu'il puisse faire un mouvement et garder assez de distance pour shooter.

Nous retrouvons les mêmes thèmes dans les trois clips ci-dessous. Guy Goodes aime utiliser un mélange d'écrans "Ram" et d'actions pick-and-roll "Stack" ou "Spain" - souvent à partir du même alignement de départ, ce qui les rend assez imprévisibles. Dans le premier clip ci-dessous, nous voyons Holon avec un passeur au milieu du terrain, des shooteurs dans les deux coins, puis le n°12, Kyser, qui pose un écran "Ram" pour le n°10, Pnini. Pnini va ensuite placer l'écran porteur.

Comme Smith dans la première vidéo, Pnini fait l'écran fantôme et n'est pas là pour rester et faire un contact. A cause de l'écran Ram de Kyser, Pnini arrive seul à l'écran avec son défenseur qui le suit et parce que la défense ne peut pas se permettre de laisser Pnini ouvert ou de donner un espace à Ragland, ils sont obligés de changer défensivement. Pnini étant le joueur rusé qu'il est, il attaque le closeout (la sortie du défenseur) puis lance le lob à Kyser. Dans le second système, nous voyons un renversement avec le numéro 25, McGee, qui fait un écran Ram pour Kyser, puis glisse lui-même dans le périmètre. Et dans le dernier clip, nous voyons Ragland faire un écran dans le dos pour Kyser pour en faire un pick and roll "espagnol". Une attaque simple mais dévastatrice.

Un autre système que Holon a utilisé très efficacement pour ses arrières en quart de finale - et aussi une autre action terriblement simple - était leur action "Zipper" dans l'écran fantôme. Une action Zipper implique qu'un joueur fasse une coupe verticale le long de la ligne de touche pour attraper la passe, un peu comme une fermeture éclair allant du bas vers le haut. À partir de là, il est très fréquent pour les équipes d'effectuer un écran porteur dès que le joueur attrape la balle. Dans le premier clip, nous voyons Holon utiliser à nouveau Pnini pour l'écran porteur, et une fois de plus, il ne fait que s'effacer avant l'écran. Cela donne à McGee suffisamment d'espace pour se créer un tir et il n'y a pas beaucoup de joueurs au Final Four qui sont meilleurs dans les situations de 1c1. Remarquez comment McGee empêche Dalton de faire un autre écran dans le deuxième clip. Il sait qu'il en a assez dans sa panoplie pour créer lui-même.

Une coupe "Shuffle" est une action sans ballon à un angle de 45 degrés, du côté faible du terrain. Dans la vidéo ci-dessous, nous voyons Holon utiliser l'une des options de ce type de configuration. Ils placent un grand au milieu du terrain et effectuent des coupes au-dessus d'eux, l'une de ces coupes étant un shuffle cut. Ce qu'ils recherchent presque toujours, c'est une passe d'entrée vers l'un de leurs arrières pour qu'ils puissent jouer en 1 contre 1 ou dans un pick-and-roll.

Nous avons dit "presque toujours à la recherche" parce qu'ils ont beaucoup d'options à partir de ce système. Le twist dans la vidéo ci-dessous avec l'écran dans le dos ou "Rip", a semblé prendre SIG Strasbourg au dépourvu. Peut-être le verrons-nous contre Tenerife le 6 mai.

Le système dans la vidéo ci-dessous est un élément de base de toute équipe qui joue au basket avec cinq joueurs hors de la raquette, et presque toutes les équipes le font. Il est connu sous le nom de "Open Double" et vous pouvez en voir une analyse plus détaillée en cliquant ici. L'essence de la façon dont Holon utilise ce système est de forcer les défenseurs à poursuivre des joueurs comme McGee et Smith autour d'une série d'écrans en décalage, puis de devoir défendre sur le porteur de balle. Pas très amusant si vous êtes le défenseur, beaucoup plus amusant si vous portez du violet, comme McGee dans le clip ci-dessous.

Mouvement du ballon et des joueurs

Ce n'est pas parce que Holon est excellent pour maximiser l'impact de ses arrières qu'il ne peut pas déplacer le ballon avec les meilleurs d'entre eux. Il y a tellement de plaisir pour les yeux dans le clip ci-dessous. Il commence par un simple pick-and-roll latéral et un coin vide côté ballon. La première chose à remarquer est la façon dont McGee utilise une passe "Boomerang" pour récupérer le ballon et changer l'action en un écran porteur "Angle" avec le dos du poseur d'écran face au coin côté ballon. Ensuite, regardez la séparation que McGee crée à partir de l'écran pour ouvrir la passe courte à Kyser. Ensuite, regardez le timing de la coupe le long de la ligne de fond par le n°9 Bourdillon dès que Kyser attrape le ballon. Une fois que Kyser a attrapé le ballon, Holon se lance dans une attaque en dribble et drive et tout est dans la vitesse à laquelle Ragland dribble et renvoie le ballon directement à McGee et finalement à Bourdillon dans le coin opposé.

Enfin, nous avons d'autres excellents exemples de la façon dont cette équipe - et plus particulièrement Chris Johnson - se déplace loin du ballon. Les coupes sont à peu près identiques dans les trois clips ci-dessous, mais ce qu'il faut vraiment surveiller dans chacun d'eux, ce sont les yeux de son défenseur. Si vous êtes distrait ou si vous perdez la tête pendant une nanoseconde, Johnson est déjà au bord du panier pour un deux-points facile.

Histoire des données

Holon est deuxième parmi les équipes du Final Four au nombre de passes décisives par match (19,8) et également deuxième au pourcentage de passes décisives, avec 71,2 % de leurs tirs réussis provenant d'une passe décisive. Joe Ragland y est pour beaucoup. L'arrière américain est l'un des deux seuls joueurs à avoir enregistré plus de 100 passes décisives cette saison, avec 135 (Huertas étant l'autre avec 116). La précision des tirs à trois-points est un autre point fort, avec 35,8 %. Ils bloquent également un tir sur 8 % des possessions de leurs adversaires, ce qui en fait la deuxième meilleure équipe présente à Bilbao. Michale Kyser est le seul joueur à avoir enregistré plus de 25 contres cette saison (27), dont 6 énormes déviations contre la SIG lors du match décisif de leur quart de finale. Globalement, Holon se classe troisième à l'efficacité offensive avec 112,3 points par 100 possessions et également troisième à l'évaluation défensive 105,4 points concédés par 100.

Le graphique ci-dessus vous montre les données de leur saison jusqu'à présent. Vous avez quatre onglets à explorer : Efficacité, Tirs, Possession et Rythme (Pace). Vous pouvez voir que chaque colonne correspond à un jour de match de la saison et que les lignes colorées représentent la statistique relative qu'ils ont enregistrée pour ce match. Vous pouvez également filtrer par match à domicile ou à l'extérieur et par victoire ou défaite. Les axes et les étiquettes sont laissés vides pour ne pas encombrer le visuel, mais vous pouvez passer la souris sur chaque point du graphique pour voir les libellés.

Vous pouvez ajuster les filtres et passer d'un onglet à l'autre pour analyser les données par vous-même, mais nous avons choisi certains paramètres de filtre qui pourraient nous donner un aperçu des graphiques ci-dessous.

Dans le premier graphique ci-dessous, nous avons choisi l'onglet "Possession" et défini les filtres pour les matchs sur la route uniquement. Nous pouvons clairement voir que depuis la 4e journée, lorsqu'ils ont perdu contre Darüssafaka, Holon a été moins présente au rebond offensif au fur et à mesure des matchs. À tel point que le deuxième match des quarts de finale, lors duquel ils ont éliminé SIG, a donné lieu à leur plus faible pourcentage de rebonds offensifs de la saison, avec seulement 5 % de rebonds sur leurs propres tirs. Bien que l'échantillon de 8 matchs soit (bien sûr) trop petit pour déterminer quoi que ce soit, la chute du taux étant si spectaculaire, il est difficile d'imaginer que cela ne soit pas dû à un changement de joueurs et/ou de tactique.

Une autre statistique potentiellement importante pour Holon pourrait être les Possessions. Dans le graphique ci-dessous, nous sommes dans l'onglet Pace ("Rythme") et nous avons défini le filtre pour les victoires. Cette fois, nous disposons d'un échantillon légèrement plus grand, avec 12 victoires. Dans toutes ces victoires, sauf 4, Holon a disputé des matchs avec plus de 70 possessions et tous les matchs avec 74 possessions ont été remportés par Holon. Ce qui est peut-être encore plus intéressant, c'est qu'en raison de la façon dont les possessions sont calculées, un rebond offensif ne compte pas comme une nouvelle possession, donc statistiquement parlant, le fait d'aller au rebond offensif permet d'obtenir un rythme plus faible ou moins de possessions. Le fait que Holon ait été moins présent au rebond offensif pourrait l'avoir aidé à obtenir plus de possessions et à gagner plus de matchs.

Histoire de la saison

La saison a commencé par une victoire sur la route 61-88 à Brindisi. Joe Ragland n'a pas perdu de temps pour faire savoir ce qu'il apportait à Holon avec 18 points et 7 passes. S'en est suivi une double confrontation face à l'U-BT Cluj Napoca. Le premier match a été une victoire presque routinière à domicile, avec Kyser qui a marqué 15 points et 9 rebonds et Niv Misgav qui a également marqué 14 points. Le match retour en Roumanie a été l'un des meilleurs matchs de la saison régulière. Cluj a fini par l'emporter en double prolongation grâce à Misgav qui a de nouveau brillé en marquant 19 points. Les choses ont commencé à se gâter pour Holon lorsqu'ils ont perdu sur la route à Darüssafaka lors du match suivant. Puis, le double-double de Steve Zack, avec 12 points et 11 rebonds, a permis à Holon de battre Dacka lors du match retour à domicile, le club turc n'ayant encaissé que 57 points. Ragland a dû prendre beaucoup de plaisir à jouer contre Brindisi, car il a enregistré 19 points et 8 passes décisives lors de la victoire 84-80 des Holon sur les Italiens lors de la journée suivante. Chris Johnson a également marqué 16 points et pris 12 rebonds lors de ce match.

Holon a dû ensuite passé par une série de Play-In contre Besiktas pour se qualifier pour les huitièmes de finale. Et ils l'ont fait de la manière dont seul Holon pouvait le faire. Après qu'Isaiah Whitehead ait semblé avoir anéanti leurs espoirs en remportant le premier match à Holon grâce à un layup au buzzer, Holon s'est rendu en Turquie et a eu besoin d'un trois-points de Guy Pnini (bien sûr) à 18 secondes de la fin pour égaliser la série. Les 20 points d'Adam Smith leur ont permis de se qualifier pour les huitièmes de finale lors du match décisif et avec une relative facilité, puisqu'ils ont remporté une victoire 74-68 à domicile. 

Les huitièmes de finale n'ont pas commencé aussi bien que la saison régulière pour Holon, puisqu'ils ont perdu sur la route à la JDA Dijon lors de la première journée. Mais ils ont rapidement récupéré pour terminer un balayage contre Ludwigsburg (2-0), autre candidat au Final Four, et prendre la tête du groupe. La seule autre défaite en huitième de finale a été subie sur la route à Galatasaray, mais par une marge suffisamment faible pour conserver la tête du groupe face aux géants turcs. Les quarts de finale opposaient Holon à la SIG Strasbourg dans un match qui semblait promis à tout le suspense qu'un fan neutre pourrait souhaiter.

Le match aller en Israël n'a rien donné de tel. L'équipe de Guy Goodes a été totalement dominante, s'imposant 93-75, avec une réussite aux tirs de 55% dont 45% de loin. Ragland a réalisé un double-double de 12 points et 12 rebonds et Johnson a inscrit 18 points et pris 9 rebonds avec un ratio de 60/40. Le drame s'est finalement manifesté dans le match décisif en France, où Holon a assuré la série avec une victoire 80-81. Le tir en suspension de Joe Ragland à 11 secondes de la fin a porté le coup fatal. 

Et ensuite

Lenovo Tenerife, vendredi 6 mai, 18h00 (GMT+2). De ces deux demi-finales, c'est certainement la plus grande opposition de styles. Tenerife a l'expérience et le savoir-faire, tandis que Holon voudra essayer d'accélérer le rythme et de les forcer à jouer de façon plus irrégulière.