MIES (Suisse) - Mardi 5 avril au Nou Congost, BAXI Manresa rencontre l'Unicaja dans un quart de finale entièrement espagnol. Dès le début de la saison régulière, ces deux clubs ont donné l'impression d'être des équipes qui auraient pu atteindre ce stade. BAXI Manresa est resté invaincu pendant cinq matches et a remporté des victoires à l'extérieur contre deux des favoris de la pré-saison, l'Hapoel Bank Yahav Jerusalem et le Pinar Karsiyaka. L'Unicaja a également réalisé une série de trois matchs sans défaite pour démarrer sa première saison dans la Basketball Champions League. Certains diront que leur parcours à l'issue de la saison régulière a été moins difficile, mais un groupe qui comprenait encore deux équipes ayant récemment atteint le Final 8, la JDA Dijon et Nizhny Novgorod, était loin d'être facile. Les huitièmes de finale ont été - comme prévu - beaucoup plus difficiles pour les deux équipes, mais à aucun moment il n'a semblé improbable que l'un ou l'autre club atteigne les quarts de finale.

La seule autre fois où ces clubs se sont rencontrés cette saison, BAXI Manresa l'a emporté en Liga Endesa. L'Unicaja a modifié son roster et changé d'entraîneur depuis lors et ce match représentera un défi totalement différent pour l'équipe de Pedro Martinez.

Aperçu des données

L'Unicaja et Manresa ont été les meilleures équipes défensives de la saison. Manresa occupe la troisième place des quarts de finaliste avec une évaluation défensive (DRtg) de 100,9 points concédés pour 100 possessions. L'Unicaja a été la meilleure défense de toute la ligue pendant la majeure partie de la saison et conserve son titre après les huitièmes de finale avec un DRtg de 99,1. Manresa est le roi du partage du ballon, avec un pourcentage de passes décisives de 75,5 %. Ils ont également été très actifs au rebond offensif, récupérant 28,3 % de leurs tirs manqués, ce qui fait d'eux la troisième meilleure équipe des quarts de finale. L'Unicaja fait de même sur le plan défensif, sécurisant 66,2 % des tirs manqués par l'adversaire, ce qui la place également au troisième rang. L'équipe de Pedro Martinez est également en tête de la ligue en termes de points par match avec 85,3 points, donc même si elle n'a pas rayonné en termes d'efficacité sur le plan offensif, elle a réussi à compenser cela par son rythme de jeu.

BAXI Manresa

Lorsque vous regardez jouer cette équipe de Manresa, les premiers mots qui vous viennent à l'esprit sont énergie et émotion. Chaque match est un spectacle et souvent, c'est Chima Moneke qui donne le ton et l'équipe suit. Dani Perez est comme le chef d'orchestre, mais ce sont des joueurs comme Moneke, Francisco et Thomasson qui apportent l'émotion des cordes (avec un solo de Luke Maye par intermittence). On s'interroge sur l'état de santé de Bako avant la série, mais lorsqu'il est dans le jeu en tant que menace sur passe lobée et qu'il dunke tout, l'équilibre de cette équipe fait qu'il est très difficile de couvrir toutes les menaces. Même sans lui, Yankuba Sima présente une menace verticale très similaire.

Cette équipe joue à un rythme très élevé des deux côtés du parquet. Si nous commençons par l'attaque, c'est elle qui tire le plus profit de ce rythme avec la façon dont elle passe de la transition à une attaque rapide à cinq. L'action ci-dessous est l'une des plus meurtrières de Pedro Martinez. Ils utilisent un écran "Step-Up" lorsque le ballon dépasse la ligne médiane. L'angle du roller les amène directement vers l'anneau et comme vous pouvez le voir dans le premier clip, #11, la vitesse de pied et l'agilité de Moneke sont plus proches de celles d'un ailier, il est donc très difficile à défendre pour un intérieur qui est encore en train d'établir sa position dans le zone d'aide. Dans le deuxième clip, vous voyez le #1, Francisco contourner l'écran et entrer dans la peinture. Regardez le flux et le timing des actions une fois qu'ils ont cet avantage. Dans le dernier clip, ils punissent le switch en envoyant le ballon directement à Moneke par une passe high-low.

Ce même rythme et ce même flux ne se résument pas aux premières actions offensives de Pedro Martinez. Plus ils avancent dans l'attaque, plus ils bougent loin du ballon et plus ils posent de questions à la défense. Dans le clip ci-dessous, ils sont dans l'un de leurs systèmes demi-terrain les plus courants qui commence par une coupe "Zipper" sur la ligne de couloir pour que Francisco attrape la balle. À partir de là, ils passent par quatre écrans en dix-sept secondes, avec le numéro 19, Valtonen, qui coupe le long de la ligne de fond, et le numéro 33, Maye, qui roule puis se dégage côté faible. C'est un flou total pour la défense adverse. Portez une attention particulière à la vitesse à laquelle Moneke est capable de se dégager des écrans porteurs et à la différence entre la façon dont les joueurs Tofas ont pu défendre son premier écran et le second après le transfert de balle et le mouvement de Valtonen pour libérer le coin droit.

Sur le plan défensif, l'équipe de Manresa veut aussi imposer son tempo au match. Si vous pensez à la défense en presse dans le BCL, vous pourriez être pardonné de vous concentrer uniquement sur MHP Riesen Ludwigsburg, mais l'équipe de Pedro Martinez est une équipe de presse très sous-estimée. Le clip suivant en est un bon exemple. Ils n'ont pas l'habitude d'appliquer une pression sur l'inbounder à partir d'un ballon mort et choisissent plutôt d'empêcher la première passe pour se libérer de la presse. Cela oblige l'équipe offensive à faire une autre passe pour transmettre le ballon à un arrière et traverser la moitié du terrain. Leurs intérieurs, Moneke et le numéro 21, Bako, sont tous deux suffisamment rapides et longs pour être actifs dans le pressing et perturber les lignes de passe.

Sur demi-terrain, c'est la même chose en ce qui concerne la pression et la désorganisation. Le numéro 77 Sima est l'un des dix meilleurs pivot de la BCL en termes de pourcentage d'interception (2,2 %) et, comme Moneke et Bako, la combinaison de sa longueur et de sa vitesse lui permet de réaliser des actions telles que le clip ci-dessous. Regardez comment le "Flash" couvre le porteur de balle, puis revient en arrière pour dévier la passe vers l'homme qui roule vers le cercle. Le système défensif de Martinez est assez flexible pour changer de couverture, mais vous le verrez plus que probablement utiliser des schémas comme celui-ci, conçus pour accélérer le tempo et dicter les décisions de l'attaque. C'est une équipe qui vous attaque lorsqu'elle est en défense.

Unicaja

L'Unicaja est peut-être l'équipe la plus imprévisible et certainement la plus difficile à analyser dans ces quarts de finale, en raison du fait qu'elle n'a joué qu'un seul match de BCL depuis le changement d'entraîneur qui a amené Ibon Navarro. Chaque semaine qui passe, Navarro aura eu plus de temps pour adapter le jeu de l'équipe à ses idées et, en même temps, la taille de l'échantillon des matchs où de nouvelles idées ont été utilisées restera petite. Le coaching staff n'est pas le seul à avoir changé. L'arrivée de joueurs comme Mooney, Kravic et Oliver change complètement la dynamique de l'équipe et, bien qu'aucun d'entre eux n'ait joué plus de trois matchs, cette dynamique est en cours de développement.

Dans des situations comme celle-ci, il est plus logique d'examiner les tendances des joueurs que l'application de ces tendances dans un système. Un joueur comme Alberto Diaz en est un bon exemple. Il ne va pas cesser d'être un meneur de jeu défensif d'élite et, par conséquent, nous pouvons être sûrs que l'Unicaja sera une équipe menaçante dans les lignes de passe (surtout en transition) et ultra-agressive pour passer au-dessus des écrans lorsqu'il sera sur le terrain.

Dans le même temps, il ne fait aucun doute que Navarro cherchera également à maintenir autant que possible la continuité d'une équipe qui a été la défense n°1 toute la saison dans la BCL. L'un des meilleurs schémas défensifs de l'Unicaja cette saison a été construit autour de leur capacité à défendre le pick-and-roll à 2 contre 2 avec un "Drop" et l'arrière qui se bat pour passer au-dessus de l'écran puis récupérer le ballon. Cela permet au défenseur du drop de garder le roller devant lui et de revenir sur son propre homme au bon moment. L'ajout de joueurs comme Kravic et Oliver rend ce type de couverture encore plus logique pour ce roster et nous avons vu l'Unicaja l'utiliser abondamment lors de son seul match de BCL sous la direction d'Ibon Navarro. Dans le clip ci-dessous, regardez comment le numéro 13, Alonso est capable passer au-dessus de l'écran tandis que le numéro 0, Oliver est resté entre le ballon, le cercle et son propre joueur jusqu'à ce qu'Alonso soit de retour devant le ballon. Ils ont parfaitement exécuté la couverture et ont forcé la balle perdue d'Ostende. Ils devront défendre à ce niveau pour empêcher des joueurs comme Moneke d'avoir l'impact dont il est capable.

Sur le plan offensif, il est toujours utile de prêter attention aux tendances des joueurs et nous avons déjà vu le début d'une entente très prometteuse se développer entre Dejan Kravic et Cameron Oliver. Le fait que Kravic ait de la gravité en roulant jusqu'au cercle, mais qu'il soit aussi un passeur sous-estimé, associé à la combinaison du physique d'Oliver au poste et de sa capacité à étirer la défense en tant que shooteur, constitue un mélange mortel.

Les aptitudes et le talent des meneurs de jeu de l'Unicaja n'ont pas changé non plus. Les Bouteille, Mooney, Brizuela, Alonso et Fernandez ne peuvent que s'épanouir sous la houlette d'Ibon Navarro. Comment oublier la façon dont il a maximisé les capacités de Hannah, Kloof et Oleson dans l'équipe de l'UCAM Murcia qui a atteint la finale en 2018. Dans la vidéo ci-dessous, vous voyez Brizuela opérer dans un pick-and-roll "Zipper" central et Alonso lire les écrans non porteurs. Depuis la défaite contre Ostende en BCL, l'Unicaja a remporté trois matchs consécutifs en Liga Endesa. Dario Brizuela a été le meilleur scoreur de deux de ces matchs, et Matt Mooney a été le meilleur scoreur de l'autre.

Oppositions clés

Dans le podcast de la BCL Trash Talk, Gerard Sole, journaliste et fan de BAXI Manresa, a désigné les qualités physiques de l'Unicaja avec Kravic et Oliver comme le plus gros casse-tête pour Manresa. Et il n'a pas tort. Nous pouvons absolument nous attendre à ce qu'Oliver soit agressif en 1 contre 1 au poste contre Moneke et Steinbergs. Moneke est l'un des meilleurs défenseurs de la BCL et aura également ses opportunités. Ce duel a un revers de la médaille car le rythme de jeu de Manresa posera certainement à l'Unicaja autant de problèmes à résoudre en termes de configuration du secteur intérieur.

Comme nous l'avons vu dans les vidéos ci-dessus, nous pouvons probablement nous attendre à voir l'Unicaja tenter de neutraliser la menace du roller de Moneke et la menace du lob de Bako et Sima en défendant le pick-and-roll à 2 contre 2. Cette couverture peut également aider à ralentir Dani Perez et Dani Garcia dans leur recherche de shooteurs comme Maye, car ce type de couverture nécessite souvent moins de rotations défensives pour aider à défendre sur le roller. Cependant, cela pourrait les laisser exposés aux capacités de scoring et d'organisation du jeu de Thomasson et Francisco. Les deux joueurs sont capables de s'enflammer rapidement. Cela pourrait être une bataille clé dans la série.

Pour Manresa, nous avons regardé des vidéos montrant comment leur capacité à mettre la pression sur le plan défensif peut être très perturbante. La question sera de savoir s'ils peuvent exercer cette pression sur une équipe comme l'Unicaja. Nous avons un précédent récent pour juger l'Unicaja à ce sujet. L'U-BT Cluj est également une équipe qui aime défendre haut, mettre la pression et perturber les lignes de passes. Ce ne fut certainement pas une partie de plaisir, mais l'Unicaja a particulièrement bien géré la pression sur la route en Roumanie lorsqu'elle a gagné et n'a perdu le ballon que neuf fois dans tout le match. L'équipe d'Ibon Navarro a un avantage spécifique avec la taille de ses arrières et de ses ailiers lorsqu'il s'agit de voir par-dessus les défenseurs qui font pression. S'ils parviennent à contrôler la pression de Manresa et à ralentir le rythme, cela permettra à des joueurs comme Kravic et Olver d'impacter davantage le match.

Maintenant, évidemment, quand nous parlons d'équipes de la Liga Endesa, il est très difficile de se concentrer sur quelques oppositions tant leurs effectifs sont profonds. Nous avons à peine parlé de l'impact de Luke Maye pour Manresa et d'Abromaitis et Barreiro pour Unicaja, mais c'est un autre aspect qui va rendre cette série si intrigante. Nous devrons attendre 20h30 mardi pour le savoir.